LES AMIES DE PIETRO ARETINO

L'EFFIGIE DE PIETRO ARETINO DANS UNE EGLISE

LE DUC DE FERRANDINA

IGNORANCE DES PRETRES

LE MONUMENT DE TOMMASO RANGONE

UNE TETE DE MARBRE DE VITTORIA

LES DENTELLES

L'ENSEIGNE DE LA PHARMACIE SUR LE CAMPO S. LUCA

UN PRETRE DE S. POLO

BELISANDRA MERAVIGLIA

 

LXI

LES AMIES DE PIETRO ARETINO

Les trois principales furent : Agela Serena, Caterina Sandella et Pierina Riccia. L'on doit faire une distinction entre la première et les deux autres. Nous avons peine à croire l'Aretino quand il atteste que son amour pour Angela, issue de la distinguée famille des Tornimben, au riche patrimoine et possédant une grande culture des lettres, fut purement platonique. Ambitieux comme il l'était, il voulait seulement faire croire au monde qu'il avait trouvé l'amie de son cœur, sa Laura, prête à exalter ses propres vers et à les faire exalter par les poètes contemporains. Il ne pouvait peut-être pas faire autrement étant donné le caractère de la dame, l'opposition de ses parents qui estimaient que chaque galanterie de l'Aretino était un outrage pour eux.

Passons à Caterina Sandella. Elle était de la maison des Franceschi, habita pendant longtemps avec l'Aretino à qui elle donna une fille Adria, se maria ensuite avec Diovatelli Rota de Bergame. Il existe une médaille qui d'un côté représente la figure de Caterina avec ces mots : Caterina Mater et de l'autre celle d'Adria avec : Adria, fille des Aretini.

L'Aretino fit ensuite de telle sorte que Caterina se maria avec un jeune sorti de la noble famille des Sandelli, mais dépourvu d'argent. Il semble que celle-ci continuât même après son mariage à se rendre dans la maison de son vieil ami.

Mais l'amour le plus fort fut celui d'Aretino pour une certaine Pierina Riccia, épouse d'un certain Polo. Après l'avoir amoureusement assistée au cour d'une maladie de seize mois, il lui pardonna l'insulte faite en fuyant la maison , en compagnie de G. Antonio Serena, mari de cette Angela citée plus haut et ne put se retenir de la pleurer à chaudes larmes quand en 1543 elle paya son débit à la nature.

LXII

L'EFFIGIE DE PIETRO ARETINO DANS UNE EGLISE

A dire vrai, l'image de l'Aretino, homme bien mal connu ne convient guère dans l'enceinte d'une église. Cependant son effigie a été faite par Sansovino dans l'une de ces têtes de bronze qui font saillie sur les battants de la porte qui mène à la sacristie de Saint Marc.

Il existait aussi sur le côté de l'autel principal de l'église S. Luca quelques toiles du peintre Alvise Dal Friso sur lesquelles on aperçoit l'écrivain maudit qui, dans les dernières années de sa vie alla habiter dans le quartier de S. Luca, sur la Riva del Carbon . L'Aretino a tét enterré dans cette église. Ces toiles furent cependant ôtées en 1845 sur l'ordre du patriarche, puisque comme on le lit sur une fiche manuscrite, Pietro Aretino (déjà surnommé le divin) y étant représenté, elles allaient mal dans la chapelle de l'unique divin, Jésus Christ et aussi parce que les touristes venaient plus pour admirer le portrait de Pietro que pour vénérer le Très Saint.

Sur les mêmes fiches on apprend que les toiles en question furent déposées en rouleau dans le palais voisin Farsetti. On ne sait pas si elles y sont encore conservées.

LXIII

LE DUC DE FERRANDINA

Antonio Castrioto, duc de Ferrandina, de retour de Flandre, resta quelque temps à Venise, où, honoré par nos gentilshommes, il se consacra à tous ces plaisirs qui étaient propres à la jeunesse de son âge. On avait l'habitude de voir sur nos places, et spécialement celle de S. Stefano, une des plus vastes des manèges, des tournois, des courses de taureaux et autres divertissements avec le concours d'un grand nombre de personnes masquées.

Ce fut justement sur cette place qu'un dimanche du carnaval de l'an 1549, Castriolo donna preuve de sa valeur dans les tournois. On le vit avec Alvise Pisani, évêque de Padoue, avec l'abbé Bibiena et d'autres amis , chevaucher à travers la place, lançant des œufs, remplis d'eaux odorantes vers les fenêtres et les terrasses où les jeunes femmes assistaient au spectacle.

La joie se convertit rapidement en deuil car un peu plus tard, le jeune prince s'étant rendu à Murano et participant à un bal donné dans le palais du puissant Marco Venier, il se querella, à cause de femmes avec Marco Giustinian, et Giorgio Contarini , desquels il ne fut pas reconnu car masqué. Il fut blessé à mort, blessant lui-même mortellement, involontairement, Fantino Diedo, son meilleur ami qui avait voulu s'interposer pour séparer les querelleurs.

Désolée, la République fit ensevelir le défunt avec pompe dans la sacristie de S..Pietro di Murano. C'était un descendant du fameux Giorgio Castrioto, dit Scanderberg, terreur des musulmans ; il avait le grade de capitaine de l'empereur Charles V dont il était l'ami personnel. Pietro Aretino pleura sa mort dans un sonnet plein de tristesse.

LXIV

IGNORANCE DES PRETRES

Gallicoli raconte que, en 1557, Pietro Polo Lupo, ou Lovo, élu prêtre de S. Vio fut interrogé lors de ses examens sur ce que signifiait : "ut exibeatis corpora vestra". Il répondit : "Que vous soyez béni" ; puis ajouta avec ingénuité : "Monseigneur, je suis vieux de 78 ans ; Le grand Girolamo Marcello m'a emmené pendant longtemps çà et là pour dire la messe. J'ai oublié le peu que je savais".

L'histoire de ce prêtre est semblable à cette autre que l'on raconte : un prêtre à qui l'on demandait d'expliquer les paroles de l'Evangile "in diebus illis" remplaça "in die" par "dindie", les poulets d'Inde et ne sut que dire pour "bus illis". De là l'expression commune, quand on rencontre une difficulté : "qui sta il busillis" (Voilà le hic)

Une autre histoire encore : dans son examen subi le 27 avril 1584, le prêtre Giacomo Comin, élu sous diacre de l'église de S. Cassiano dut reconstruire une période du catéchisme. Il répondit :"Monseigneur, je n'en ai aucune idée". Il dut pour cela se soumettre à une nouvelle élection.

Du reste de 1515 à 1598, on a trace de nombreux cas où des prêtres furent démis de leurs fonctions pour ignorance.

LXV

LE MONUMENT DE TOMMASO RANGONE

Au dessus de la porte principale de l'église de S. Giulano, on peut admirer une statue de bronze, représentant un homme assis, tenant en main un livre, appuyé sur un genou, avec autour de lui les instruments des métiers libéraux.. c'est Tommaso da Ravenna, qui commanda à ses frais, à Sansovino l'érection de cette statue et exerça, avec mérite la médecine, cet "atrium doctor" s'adonnant également aux études philologiques, astronomiques et géographiques. Son vari nom était Gianozzi, ou Gianotti, mais on l'appelait communément Rangone, avec l'accord de cette noble famille. Il se procura, grâce à sa profession, beaucoup d'honneurs et de richesses, écrivit maints ouvrages, parmi lesquels un dans lequel il prétendait enseigner la méthode pour vivre jusqu'à 120 ans., âge que n'atteint pas Rangone lui-même, mort en 1577 à 94 ans. Il fut enterré dans le chœur de l'église S. Giulano. Là, lors de la réfection du pavement en 1823, on en découvrit la tombe, grande caisse de marbre, faite de manière particulière parce qu'elle a un creux pour la tête, les épaules et les cuisses du cadavre.

De ce cercueil, vidé de ses ossements, on fit don au lapidaire de la Salute.. L'épigraphe qu'il portait fut placé à l'entrée de la porte principale de l'église de S. Giulano.

Tommaso Rangone était un homme très généreux, parce que, outre la façade de S. Giuliano, il fit ériger la porte du couvent du Sépulcre, fit des dons à l'église de S. Geminiano, sa paroisse, et fonda à Padoue un collège pour accueillir 32 étudiants de Ravenne, près du pont Molin.

A cette générosité, était alliée une grande vanité, comme cela apparaît dans les ordres qu'il donna pour son enterrement. Il prescrit que le cortège funèbre fasse un grand tour dans la ville, portant avec lui les plus précieux des objets de sa maison et les dessins en bois de la façade de S. Giuliano. Il donna les indications à suivre pour l'installer dans le cercueil, les anneaux qu'on devrait lui mettre aux doigts, les libres qu'on devrait poser à ses côtés, avec indication de la page à laquelle ils devraient être ouverts, les vêtements que devraient endosser son bibliothécaire. Enfin il indiqua les chants funèbres et voulut que les clercs des églises devant lesquelles passeraient sa dépouille, sortent pour la bénir avec de l'eau bénite.

Le monument de Rangone à S. Giulaiano est rappelé de manière amusante par Francesco Loredan dans sa comédie "L'Incendie" publiée en 1594. Dans laquelle deux serviteurs, Pante et Aglio, ont le dialogue suivant :

Pante : tu mérites pour tout ce que tu as fait d'être placé plus haut que l'obélisque de Bartolomeo Coleone

Aglio : tu me fais injure à me comparer à ce spadassin ; tu devrais plutôt faire référence à l'excellent Tomas

Pante : où repose celui-ci ?

Aglio : il est en bronze à la porte de l'église S. Giulano, un livre à la main, en train d'expliquer aux faquins qui passent sur la place les chiffres du calendrier

LXVI

UNE TETE DE MARBRE DE VITTORIA

Sur la porte du palais Foscarini, dit aussi Giovanelli, à S. Eustachio, qui donne sur le Grand Canal on voit une tête de marbre de bonne facture du XVIème siècle. En feuilletant les anciens documents nous avons réussi à savoir qu'elle est l'œuvre du célèbre sculpteur Alessandro Vittoria. En fait, à cette époque, Gian Matteo Usper habitait ce palais, dont le propriétaire était Bartolomeo Cavalli, son beau frère. Il y fit faire quelques travaux par G. Giacomo, chef d'atelier à S. Cassiano, lequel commanda à Vittoria la tête de marbre.

Ceci explique qu'en 1560 on trouve un crédit de quatre écus en faveur de celui qui a réalisé une tête pour la porte d'Usper à S; Stae.

Nous n'avons cru devoir négliger ces faits , parce que les œuvres, même mineures, des grands maîtres méritent d'être connues et appréciées du public.

 

LXVII

LES DENTELLES

L'industrie de la dentelle se propagea chez nous au XVème siècle et trouva depuis 1414 une protectrice en la personne de Giovanna Dandolo, épouse du doge Pasquale Malipiero. Cette industrie eut une croissance si rapide qu'on dut en corriger l'excès par la Seigneurie peu d'années après la mort de Giovanna Dandolo,en 1426. On voulait de la dentelle partout, pour les autels, les vêtements sacerdotaux ,les couvertures, les draps, les coussins, les rideaux, mais surtout les "baveri" (morceaux de tissus qui protégeaient la bouche du froid),les voilettes, les colliers et les poignets . D'admirable facture vénitienne fut la voilette avec laquelle Zilia Dandolo, épouse du doge Lorenzo Priuli, se présenta au couronnement en 1557, avec des bandes de voile blanc décorés de dentelles, descendant jusqu'à terre.

On en faisait cadeaux à des commissions étrangères. Parmi les cadeaux que recevait du roi, son mari, Marie Tudor, reine d'Angleterre en 1566 figuraient en bonne place les dentelles et broderies exécutées dans notre pays. Catherine de Médicis, reine de France se fournissait elle aussi chez les dentelliers de Venise. Dans d'autres régions partaient ces travaux et, sous Elizabeth, fille d'Henri VIII, ils se vendaient à Londres à des prix très élevés.

Bianca Cappello, devenue finalement duchesse de Toscane, commandait à Venise d'innombrables travaux en dentelle pour ses voilettes, colliers, manchettes…

Entre temps le gouvernement avait été obliger de légiférer contre ce genre de luxe mais les dames n'y prêtaient pas attention et plusieurs, au contraire de donnèrent avec plus d'enthousiasme à la défense de cet art. Parmi elles, citons Maria Morosini da Mula, Marina Morosini, femme du doge Grimani, qui; à ses frais installa un atelier de dentelle à S. Fosca et Vienna Vendramin Nani, à qui Cesare Vecellio dédia en 1591 son œuvre de dessins pour broderies et dentelles intitulée "Corona".

A partir de cette époque, l'industrie de la dentelle alla peu à peu se détériorant, subissant la concurrence des pays étrangers. Il paraîtrait qu'elle fut conservée seulement dans les cloîtres des religieuses, parmi lesquels celui de S. Zaccaria, des Zitelle, et de S. Vito à Burano étaient les meilleurs.

Il n'est pas certain que le fameux collier fait de cheveux, que le roi Louis XIV voulait porter le jour de son couronnement soit sorti des ateliers de Vittoria Torre et de Luigi dalla Latte, à l'Angelo Raffaele, en 1643.

Pour raviver cet art qui avait reçu un dernier coup avec le changement des usages nationaux et qui dépérissait de plus en plus, est apparu en 1872 l'Ecole professionnelle de dentelle fondée par quelques mécènes sur l'île de Burano.

 

LXVIII

L'ENSEIGNE DE LA PHARMACIE SUR LE CAMPO S. LUCA

Nous avons parlé ailleurs de la petit tête de femme en marbre qui existe dans la cour du théâtre à S. Luca. Elle est probablement à l'origine de l'enseigne de la "Vieille", enseigne de la pharmacie du campo S. Luca.

Une autre origine possible est cependant mentionné par N. U. Pietro Gredenigo da S. Giustinia dans ses Mémoires manuscrites conservées au Museo Civico.

Voici exactement quelles sont ses paroles.

Une vieille dame de la paroisse de S. Paterniano, d'un naturel avare, cachait tous les fruits qu'elle tirait de son travail et les cousait dans la doublure d'une vieille et inutile houppelande. qu'elle tenait au milieu de chiffons, dans la partie la plus oubliée du grenier, cachant ainsi à son espiègle et misérable fils, sa fortune. Un jour, parmi les plus froids de l'hiver, pris d'une ardente compassion vis à vis d'un pauvre mal vêtu au milieu de la rue, ce fils se résolut à prendre ce vieux manteau, croyant ne pas avoir besoin de la permission de sa mère pour un si piteux bout de chiffon et lui donna. La semaine suivante, la mère devant augmenter son dépôt, et ne le trouvant pas, interrogea finalement son fils pour savoir s'il pouvait lui donner des nouvelles Elle lui révéla son intention de lui laisser en héritage tout ce qu'il contenait. Ayant reçu cette incroyable information , il se donna grand peine pour retrouver le mendiant mais n'arriva pas à son but. Il se décida alors à se vêtir à la manière d'un pauvre niais au pied des marches du Rialto, là où, à chaque moment de la journée se croisent les hommes qui parcourent la cité. Là il tournait lentement un dévidoir, reprenant son plaintif chant de façon à inviter les passants à compatir à son destin infortuné.

Il ne cessait cependant de guetter, son œil cherchant le pauvre, lequel à peine entrevu, il appela, le cœur en joie. Par un froid si intense, il lui exprima sa tristesse de le voir si mal vêtu et lui dit : "Frère, je suis si compatissant avec toi que je voudrais échanger nos manteaux . ainsi je saurai mieux par ce moyen être en paix avec moi même"

Il ne fut pas difficile de contenter l'étranger nécessiteux, surpris par l'humanité de ce pieux vénitien. Il le remercia en le bénissant, prit le don et passa son chemin. Alors, sans perdre de temps, ayant abandonné le dévidoir, le fils retourna d'un bon pas chez sa mère et avec un plaisir partagé reprirent possession de l'opulente bourse.

Ainsi le mystérieux symbole contribue à rappeler l'histoire, puisque au moyen de l'argent se créa un florissant commerce de pharmacie, décoré par une sculpture qui représente la Vieille, assise, avec la quenouille et le fuseau et à ses pieds, son fils avec le dévidoir. Le jeune homme s'appelait Vincenzo Quadrio et tint la première droguerie à l'enseigne de la Vieille

Giuseppe Tassini, dans son livre : Curiosités vénitiennes, ajoute la conclusion suivante. "Laissant de côté tout ce qu'il peut y avoir d'invraisemblable dans cette histoire fabuleuse, il est certain que son protagoniste vivait à Venise au XVIème siècle, puisqu'en parcourant dans nos archives, les testaments nous avons trouvé celui de Antonio Frigerio, fait le 16 juillet 1564 dans les actes du notaire Antonio Maria di Vincenti, dans la paroisse de S. Luca, où est mentionné comme commissaire Vincenzo Quadrio, droguiste à l'enseigne de la Vieille.

On doit noter que si au début, comme le veut Gradenigo, on voyait sur l'enseigne la Vieille en train de filer avec son fils à ses pieds, il n'y eut plus ensuite que seulement la vieille, à laquelle on ajouta à notre siècle le cèdre impérial, enseigne d'une autre pharmacie, disparue, voisine de celle de la Vieille.

LXIX

UN PRETRE DE S. POLO

 

La cruauté de ses parents fit qu'un nouveau né fut déposé, la nuit, dans un panier sur le Campo S. Polo. Le hasard voulut qu'un chat, ou une chatte, renversa le panier et que les gémissements du pauvre bébé attirèrent l'oreille d'un gentilhomme, qui, ne pouvant dormir prenait l'air sur la bord de sa fenêtre aux premières heures du matin. Il fit recueillir l'enfant, le fit baptiser sous son propre nom, c'est à dire Antonio et le fit éduquer dans son palais, où tout le monde l'appelait Antonio Gatto. Comme ensuite, il montra un penchant pour la carrière ecclésiastique, notre gentilhomme lui favorisa l'entrée dans cette carrière, si bien qu'il devint prêtre et même un peu plus tard, prêtre de S. Polo.

Laissons à Gradenigo la responsabilité de cette anecdote. Il est certain que Antonio Gatto, ou Gatta, fut prêtre de l'église de S. Polo de 1563 à 1596 et qu'il fit restaurer l'autel et la chapelle majeure.

 

LXX

BELISANDRA MERAVIGLIA

 

Les turcs voulant dominer le royaume de Chypre en 1570, ils campèrent près de Nicosie, et guidés par Mustafà, commencèrent à attaquer cette forteresse. Rapidement, les chrétiens se virent dans l'impossibilité de résister et durent ouvrir leurs portes aux ennemis, qui contrairement aux accords passés massacrèrent les chefs, parmi lesquels Nicolo Dandolo, Pietro Pisani, et Nicolo Contarini, évêque de Paffo. Ils se répandirent alors dans les campagnes, emprisonnant tous ceux qu'ils rencontraient, pillant les maisons, démolissant les églises et ne respectant pas l'honneur des femmes.

C'était la nuit après le massacre et trois navires attachés ensemble étaient ancrés dans le port, navires sur lesquels Mustafà avait chargé sa proie la plus précieuse et les plus avenantes des jeunes filles et femmes destinées au sultan comme cadeau.

Belisandra Maraviglia était sur un de ces navires. C'était la sœur de Giovanni, secrétaire au Sénat et veuve de Pietro Albino, chancelier de Chypre, tué lors de la prise de Nicosie.

L'idée d'une terrible vengeance traversa l'esprit de la dame et avec une mèche allumée, elle mit, au milieu de la nuit, le feu au dépôt de poudres, se faisant sauter elle même avec tous les navires et les objets qui s'y trouvaient.

Geste désespéré, avec lequel elle voulut donner libre cours à sa haine contre les infidèles et se soustraire à l'ignominie des son état.